Jeudi saint, fête du sacerdoce 

Ce mois d’avril va s’articuler autour de Pâques et du Triduum pascal, lequel commencera par le jeudi saint, fête des prêtres. Occasion de vous confier quelques mots sur le sacerdoce, de partager quelques éléments de ce qui constitue le cœur de ma vie.
Ce jeudi saint est marqué par le lavement des pieds, le geste du service par excellence ! Imagine-t-on plus belle illustration du sacerdoce que ce geste ? Ma joie d’être prêtre, la source de ma vocation, le sens de mes journées pourraient se résumer dans ce lavement des pieds. La joie de servir Dieu et mon prochain : pas de plus grande joie que de donner sa vie pour ceux, et Celui, qu’on aime. Aider un camarade dans ses devoirs, porter le sac d’un plus jeune ou tenir une carte en camps scouts, nourrir ou laver un grabataire en Afrique m’ont appris, peu à peu, la joie profonde qu’il y a à servir. Et le sacerdoce se vit pour moi dans la continuité de ce service. « Serviteurs de votre joie » : c’est ainsi que Benoit XVI définit les prêtres, et je m’y retrouve tout à fait.
Évidemment le service peut amener à certaines responsabilités, et celles-ci montent parfois à la tête. L’autorité confiée pour conduire, pour faire grandir, se transforme alors tristement, tragiquement, en pouvoir et le service devient cléricalisme. Une vigilance constante est véritablement indispensable pour éviter ces abus. Seulement au commencement du sacerdoce, de la vocation de chacun, il n’en était pas ainsi. Le sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce commun. C’est une vocation qui est reçue, discernée. On se forme pendant 7 ans pour y répondre le mieux possible, on apprend à quitter une maison, une profession, des projets familiaux parce qu’on est de plus en plus nourris et comblés par la joie de servir et de donner au monde le Christ dans l’Eucharistie.
Chacun à notre façon, chacun selon notre vocation propre, nous sommes appelés à servir. Chacun également nous risquons d’être grisés, tentés par le pouvoir. L’antidote à ce cléricalisme n’est pas tant dans une démocratisation de l’Église – c’est Dieu qui nous appelle à son service – mais dans ce geste répété du lavement des pieds, de s’abaisser pour se mettre humblement au service de Dieu et de notre prochain.
Du fond du cœur, je vous dis ma joie profonde d’être prêtre et mon désir, maladroit mais constant, d’être serviteur de votre joie.
Père Arnaud MOUGIN