Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?

L’avent est l’attente de la venue du Messie : à la fois rappel de la naissance du Christ et espérance de sa venue dans la gloire mais aussi attente de ce qui doit advenir aujourd’hui, de ce que Dieu pourrait faire pour moi ici et maintenant. Que puis-je donc demander à Dieu ? Être heureux bien sûr, mais de quelle façon ? Quel don est-ce que j’attends de Dieu pour être heureux ? Quel véritable cadeau de Noël puis-je demander au Christ ?

Cependant, comment attendre quelque chose d’un Messie si je ne sais pas ce que j’attends d’un simple prêtre ? La question posée dans le dernier édito m’a valu quelques belles réponses et des échanges intéressants, mais elle semble surtout en avoir laissé beaucoup perplexes, ou sans voix. Cette question manifestait simplement ma volonté d’être plus ajusté aux attentes, aux besoins des uns et des autres. Pour se donner en effet, mieux vaut savoir ce que les gens attendent ; et pour cela, autant leur demander. Je sais qu’une telle question demande du temps mais je me permets tout de même de la reposer.

Pour cela, nous pouvons la décliner aux différentes réalités de notre vie : qu’est-ce que j’attends d’un époux ou d’une épouse, d’un frère ou d’une sœur, de mes parents, de mes amis ? Et même, qu’est-ce que j’attends de moi-même ? Qu’est-ce que j’aimerais avoir fait dans 10 ou 20 ans, qu’est-ce que je voudrais avoir été au jour de ma mort ? Bref qu’est-ce que j’attends de la vie ? Ces questions devraient être celles de chaque avent, temps où l’on creuse l’attente de Dieu (avec Simone Weil). Mais en ces temps d’incertitude, de rêves brisés, cette question devient encore plus cruciale. Gustav Anders, après la bombe atomique, disait que « la possibilité d’une destruction totale détruit toutes les possibilités ». C’est effectivement un risque : devant les bouleversements et les effondrements de notre monde, ne plus oser espérer, ne plus oser croire en l’avenir.

Or c’est justement là que se situe l’espérance chrétienne : au-delà d’une paix de surface et des progrès technologiques, au cœur de la tourmente, qu’est-ce que j’attends profondément de mes proches, de moi-même, de ma vie ? Quel est mon cri vers Dieu, qu’est-ce que je demande au Christ de venir sauver ?

Qu’est-ce que j’attends, à Noël ou aujourd’hui, pour être heureux ?

P. Arnaud

A quoi sert un prêtre ?

Ce mois de novembre est inauguré par la solennité de la Toussaint, suivie aussitôt du jour de prière pour les défunts, occasions pour chacun de s’interroger sur le sens de notre vie, notre vocation, ou plus simplement notre mission là où nous sommes et dans la paroisse. Occasion pour moi aussi bien sûr de me demander, de vous demander, ce qu’on attend d’un prêtre, ce qu’une paroisse attend d’un curé. Cette question m’interpelle régulièrement depuis la rentrée.

En deux ans, j’ai appris le « boulot » de curé : aidé par les conseils pastoral et économique, par d’autres paroissiens, mais aussi épaulé par une équipe de curés parisiens et par mes frères de la Société Jean Marie Vianney, j’essaye de « faire tourner la boutique » (j’exagère volontairement cet aspect matériel). Seulement je me demande si c’est bien là le sens de la mission. En vue de quoi l’archevêque envoie-t-il un prêtre vers une communauté ? Quel est l’objectif, l’intérêt d’une formation de sept ans en philosophie et théologie, faudrait-il la remplacer par du management ou de la comptabilité ? Qu’est-ce qu’un paroissien attend, ou devrait attendre d’un curé ? Questions qui seront d’autant plus d’actualité que l’on aura moins de prêtres : on ne pourra plus réclamer un prêtre simplement parce qu’il y en a toujours eu un ; il y aura peut-être des choix à faire, des regroupements de paroisses… La question du sens du sacerdoce, du contenu de la mission du prêtre se reposera forcément, et elle se pose déjà.

Donc je vous pose la question, qu’attendez-vous d’un prêtre ? Un peu plus j’espère qu’un intendant des bâtiments et qu’un webmaster du site Internet. Mais peut-être pas seulement un « distributeur de sacrements ». La réponse n’est pas évidente, y compris pour moi, mais elle doit être posée et sans doute sans cesse reposée et réévaluée. Notre histoire personnelle peut nous aider à y répondre : quelles rencontres ai-je eu avec des prêtres, dans quel moment un prêtre m’a-t-il vraiment aidé, que m’a-t-il apporté de spécifique que je n’aurais pas reçu ailleurs ? Et s’il faut se détacher d’un cliché ou d’une caricature trop marquée du prêtre, on peut aussi se demander ce qu’on attend d’un « homme de Dieu ».

Posez-vous ces questions, échangez en famille, entre amis, partagez vos réponses cela m’aidera et surtout nous aidera à nous recentrer sur l’essentiel. Cela nous aidera aussi à mieux comprendre ce qu’une paroisse peut apporter au quartier puisque, comme j’ai déjà pu rapporter ces mots du cardinal Lustiger : ce qu’un prêtre apporte aux chrétiens, le chrétien l’apporte au monde.

Merci d’avance de vos éclairages.

P. Arnaud

Accueillir la communauté sourde !

Pour être honnête, je me suis demandé plus d’une fois ce qui m’était passé par la tête lorsque j’ai répondu “pourquoi pas ?” au vicaire général qui me disait que le diocèse cherchait un prêtre accompagnateur de la communauté sourde. Notamment lors des semaines de cours intensifs où l’on réalise que l’apprentissage d’une langue ne se fait pas, à 50 ans, avec la célérité du collégien de 12 ans…  Que suis-je donc allé faire dans cette galère ? Sauf que la galère en question est quand même très sympathique ! Que ce soit les personnes sourdes de l’aumônerie, celles du Vicariat des Personnes Handicapées au diocèse, les enseignants (sourds également) de l’école Visuel, les autres élèves qui s’intéressent à cette langue pour des raisons très diverses, tous manifestent une belle solidarité et un accueil très chaleureux envers les entendants qui se forment. Et les personnes rencontrées pendant les cours, la plupart athées et d’horizons très (très) diverses, tous sont très heureux de découvrir que l’Eglise accueille activement la communauté sourde.

Tout cela pour vous dire que, malgré quelques inquiétudes (passagères !) sur mes capacités d’apprentissage, je suis persuadé que l’accueil de messes traduites en LSF (Langue des Signes Française) constitue une véritable bonne nouvelle pour notre paroisse. Sans bien savoir comment tout cela se fera, j’ai l’intime conviction que non seulement la paroisse accueillera très chaleureusement nos frères et sœurs sourds mais que ce sera une grande source de grâces. Nous allons être déplacés, au sens propre comme au figuré. Il faudra en effet leur laisser les places juste devant l’ambon afin qu’ils voient le mieux possible l’interprète, mais nous serons aussi interpellés, peut-être même bousculés – espérons-le – par leur témoignage de foi, par leur vitalité (dont je suis déjà le témoin ébloui) et surtout par cette capacité à dépasser le handicap. Là où la parole semble à première vue bloquée (et ce n’est pas rien la parole pour un chrétien), la difficulté est dépassée par une inventivité, une créativité tout à l’image de Dieu. Ce qui devait entraver la vie, la limiter vient finalement réveiller des capacités inespérées, des facultés insoupçonnées dans l’homme. La vie est décidément plus forte que la mort, cette vie donnée par Dieu sait se frayer mille chemins lorsqu’un obstacle survient.

Si certains, dont nous faisons trop souvent partie, ont des oreilles et n’entendent pas(Ez 12, 2 ; Jr 5, 21), nous allons voir de nos yeux que ceux qui n’ont pas ce précieux sens de l’ouïe savent parfaitement entendre la Parole de Dieu et qu’ils ont en plus l’audace et la joie pour la mettre en pratique (Jc 1, 22). Que le Seigneur soit béni pour cette belle grâce qui nous est donnée.

P. Arnaud

C’est la rentrée !

Cartable, inscriptions, choix,…Septembre reste le mois des décisions, engagements et éventuels changements. Peut-être pouvons-nous prendre le temps avant de nous précipiter dans le rush de la rentrée. Il n’est pas nécessaire que chaque année soit le « copier – coller » de la précédente. Une activité, un engagement a pu être bon et fructueux un temps, sans être automatiquement indispensable cette année. À l’inverse, il y a des lieux qui demandent un peu de persévérance pour porter du fruit, des activités que l’on sait bonnes pour nous mais dont la reprise nécessite un peu de courage. 

Que le Seigneur nous aide donc à discerner, à nous poser, avant de remplir nos agendas. Dans la bible, le prophète Isaie invite à ne pas construire «  maison à maison » afin de laisser une place au nouveau venu, à ne pas joindre « champ à champ » (Is 5,8) pour laisser la place à un chemin. Peut-être serait-il aussi judicieux que nos agendas ne soient pas une suite ininterrompue d’activités – aussi belles et utiles soient-elles – mais qu’ils laissent un peu de place à l’inattendu, au voisin qui souhaite échanger, à une invitation de dernière minute… La réponse habituelle « j’ai pas l’temps » signifie parfois « je n’ai pas gardé de temps disponible, de temps gratuit ouvert aux imprévus ». Pensons-y au moment de choisir nos activités et emplois du temps, dans la mesure où il nous reste une petite marge de choix…

Ce discours est un peu risqué pour un curé qui recherche sans cesse, et surtout en début d’année scolaire, des bénévoles (petites mains, accueil des enfants le mercredi, bricolage,…). Mais le pasteur cherche davantage le bien de chacun que le bon fonctionnement d’une machine paroissiale. Et surtout, il n’oublie pas que le Christ nous enseigne à aimer son prochain comme soi-même, cela signifie entre autres que notre premier lieu d’engagement reste nos prochains, c’est-à-dire notre famille et nos proches. Je serai donc très heureux si de nouveaux bénévoles se présentent pour soutenir les différentes activités de la paroisse – ceux-ci pourraient permettre à d’autres d’être moins chargés – mais je préfère mille fois que chacun trouve une vie équilibrée, avec de la place pour la famille, les amis ou la vie de quartier. C’est aussi, et peut-être surtout, de cette façon que nous pourrons annoncer la bonne nouvelle du Christ ressuscité autour de nous.

Bonne et sainte rentrée à tous,

P. Arnaud

Vive les vacances

Très sincèrement, je vous souhaite à tous de bonnes et saintes vacances. Tous n’en bénéficieront pas tout de suite ni de la même façon mais le mois de juillet amène tout de même un changement de rythme qui peut être très profitable.

Vous savez ma réticence, voire mon inquiétude, face à la frénésie parisienne, à ce rythme soutenu de l’homme moderne qui veut être partout, avoir tout vu, tout entendu… Les mois de juillet et août peuvent marquer une pause dans ce tourbillon : beaucoup d’activités s’arrêtent, les occasions de sorties et de dispersion sont moins nombreuses et nous pouvons prendre un peu plus de temps, profiter de cette vacance de charges, de choses à faire, pour enfin nous poser, pour idéalement revenir à l’essentiel.

La lecture, avec les conseils éclairés et précieux de Geneviève Boisard, constitue une parfaite activité de repos. Roman, étude historique, réflexion philosophique ou bon vieux policier, le livre nous sort de notre quotidien, en nous concentrant sur autre chose, il offre à notre cerveau une pause par rapport aux tracas quotidiens, aux multiples questions à régler. Et nous en avons bien besoin, ne serait-ce que pour prendre un peu de recul sur ces soucis et mieux y répondre ensuite. En plus du détachement du quotidien, la lecture nous fait prendre de la hauteur, elle nous emmène sur d’autres sentiers, d’autres façons de voir les choses, de les appréhender. Si je profite de l’été pour découvrir d’autres auteurs, pour lire enfin tel ou tel livre que l’on m’a prêté, je serai là aussi déplacé, peut-être bousculé par un autre style, un autre point de vue sur telle ou telle situation et cela contribue grandement à la réflexion, voire même à une certaine sagesse. Le livre, tout en nous charmant et en nous soulageant du quotidien, nous invite au voyage vers d’autres horizons, d’autres modes de pensées, une occasion de grandir en intelligence (comme l’adolescent qui prend dix centimètres pendant l’été).

Indirectement, loin de la paroisse et de mes engagements de l’année, par la lecture ou d’autres rencontres, j’aurai ainsi l’occasion de réfléchir à mon fonctionnement, à ma façon de voir et à la place que je laisse aux autres. De même qu’un auteur m’emmènera découvrir un autre point de vue, je pourrai – loin de la confrontation – repenser à cet autre paroissien avec lequel je ne suis pas d’accord, à cette façon de faire qui me dérange, et peut-être ouvrir une porte sur du neuf, sur une nouvelle façon de cohabiter.

Que le Seigneur nous donne à tous de bonnes vacances, une véritable pause dans notre frénésie parisienne, pour prendre de la hauteur et revenir, après un beau voyage, motivés et accueillants, pour faire grandir l’unité et la saine diversité de notre paroisse.

Bonnes et saintes vacances,

P. Arnaud

Le temps de l’Eglise

Le père Hubert aime renommer “temps de l’Église” ce que le missel appelle “temps ordinaire”, cette période liturgique hors carême, temps pascal,… Et en effet, après la Pentecôte, c’est bien le temps de l’Église qui arrive, le temps où souffle l’Esprit, où les apôtres partent annoncer l’Évangile, où se forment les premières communautés. Rien de très ordinaire. Nous sommes donc dans ce temps, poussés par l’Esprit pour vivre l’Église. Après un mois de mai propice aux idées, suggestions, propositions, le mois de juin demande de préparer l’année prochaine, de programmer ce que l’on veut faire.

À quoi vais-je donc m’engager l’année prochaine ? Quelle sera ma place au sein de l’Église dans ma paroisse ou mon diocèse ? Que faire pour que cette prochaine année ne soit pas ordinaire, au sens banal, commun, mais bien un temps d’Église ? Ou pour le dire avec les mots de la petite Thérèse, comment rendre extraordinaire chaque chose, chaque jour ordinaire ? Voici quelques questions que l’on peut se poser en ce mois de juin pour préparer une belle année ecclésiale.

Les réponses spontanées ne sont pas forcément les meilleures : tous les “je ne suis pas capable”, “je ne sais pas faire”, “je n’ai pas le temps”,… ces réponses ordinaires ne sont pas des réponses d’Église : “il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon Père” et le chrétien sait qu’il a reçu des talents à faire fructifier, une lampe à sortir de sous le boisseau. Vivre l’Église, être un chrétien engagé ne se limite pas au catéchisme le mercredi après-midi ni à l’animation des chants le dimanche matin. Peut-être ne suis-je pas compétent pour telle ou telle activité dans la paroisse mais le but n’est pas tant de remplir une case que d’apporter ma pierre personnelle, déployer mon talent au sein de la communauté. Il y a donc mille et une choses à faire, à proposer, surtout ce qui ne se fait pas encore.

Ainsi, plutôt que de se barrer la route en étant terrorisé à l’idée d’animer un chant devant toute une assemblée, demandons-nous ce que nous aimons et savons faire, à quels moments de la semaine nous aurions un peu plus de temps, quels sont nos désirs profonds, nos attentes,

…  Partons de ce que nous sommes pour participer à la vie de la paroisse et y apporter notre pierre. C’est ce qui fera la richesse de notre communauté : non pas une énième paroisse lambda qui ressemble à tant d’autres paroisses parisiennes mais la paroisse Sainte-Rosalie avec les originalités, savoirs faire et talents de ses habitants. Non pas une paroisse ordinaire mais une paroisse d’Église, si riche dans sa diversité.

Préparons donc l’année 2023-24 comme une nouvelle année d’Église, pas du tout ordinaire, nouvelle des nouveautés que nous apporterons les uns et les autres. Laissons souffler l’Esprit dans nos imaginations, je vous promets qu’Il fera des merveilles.

P. Arnaud

Joli mois de mai

Après le labourage du carême et l’éclosion de la Résurrection, vient le moment de savourer les fruits de ce qui a été semé et de profiter des joies du printemps avec son temps plus paisible.

Si le rythme rural naturel connaît un été très actif avec les semailles, la taille, les moissons puis un hiver plus calme et plus posé, nos réalités urbaines sont souvent inversées : l’été devient le temps des vacances, le soleil annonce la détente tandis que l’hiver, avec son temps gris et froid, évoque la période laborieuse où le moral a parfois la couleur du ciel… Est-ce qu’un travail estival au grand air nous aiderait à en retrouver le goût ? C’est une autre question.

Toujours est-il que l’hiver est fini et que s’installe le printemps avec son « joli mois de mai ». Saison bien agréable, propice aux terrasses, au far niente, aux grandes discussions pleines d’Espérance. Sans trop l’idéaliser, le printemps reste néanmoins favorable au délassement, aux rêves et, à travers eux, aux projets. La rêverie peut être parfois oisive, elle nous offre aussi, surtout, l’occasion indispensable de nous projeter, d’imaginer et d’oser envisager du neuf pour la suite.

Ce peut être aussi le cas pour notre paroisse. Le mois de mai est le moment habituel pour envisager l’année suivante, établir un calendrier, mais aussi rêver à quelques projets. Que souhaitons-nous pour notre paroisse, quelles sont les activités, les sorties, les innovations dont nous rêvons ? S’il ne suffit pas de rêver ni de demander pour qu’apparaisse, comme par magie, telle ou telle réalité, rien n’évoluera si on ne rêve pas. C’est dans nos rêves, dans nos discussions que nous puiserons l’énergie pour mettre en œuvre de nouvelles idées. Profitons donc de ces temps de détente, pourquoi pas autour d’un repas ou d’un verre dans la cour du presbytère, pour oser rêver notre paroisse, pour se lancer des défis et motiver nos talents.

La Vierge Marie, traditionnellement honorée au mois de mai, aime à garder les événements dans son cœur, à les méditer pour partir ensuite servir avec empressement. Qu’Elle nous aide à profiter de ce temps pour relire cette année et imaginer ce qui pourrait se faire à Sainte Rosalie l’année prochaine. Vos idées, et votre motivation, sont les bienvenues.

P. Arnaud

Passage de la Passion et la mort de Jésus-Christ à sa Résurrection

Ce mois d’avril est le mois le plus important de notre vie en Église. Il engage le cœur donc notre foi. Entrons pleinement dans le magnifique mouvement liturgique qui nous est proposé.

Le 1er avril débute la Semaine Sainte avec, dès le samedi soir la célébration des Rameaux. Jeudi prochain, nous célébrerons le dernier repas du Seigneur à la veille de sa mort où, serviteur souffrant, il donne sa vie par Amour pour nous.

Le Vendredi Saint, nous nous souviendrons de la mort de Notre Seigneur. L’Église sera dépouillée de ses fleurs et de ses ornements habituels. En communion avec tous ceux et celles qui subissent le poids de la croix, nous traverserons ces ténèbres.

Samedi soir prochain, à la nuit tombée, jaillira un grand feu qui nous dira que la Lumière du Ressuscité est plus forte que les ténèbres. Le cierge pascal symbolisera la Résurrection du Christ.

Nous nous mettrons à l’écoute de la Parole de Dieu, dernière catéchèse pour les catéchumènes et pour nous-mêmes. Nous renouvellerons les promesses de notre baptême et communierons au repas du Seigneur mort et ressuscité pour nous et pour tous les hommes. Et à partir de ce jour, ce sera la joie de Pâques qui sollicite notre foi, comme elle a provoqué, avec des difficultés de croire, la foi des premiers témoins de la Résurrection.

Le 3e dimanche de Pâques, nous ferons nôtre le cheminement des disciples d’Emmaüs. Pour eux, au départ de Jérusalem, c’était fini. Leur Espérance était morte avec Celui en qui ils avaient mis leur confiance. En chemin, ils ressentent quelque chose de profondément neuf : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous expliquait les Écritures ? ». Et Jésus se fait reconnaître à la fraction du pain comme Vivant.

Que ce mois d’avril, préparé par notre Carême, nous mette encore plus à l’écoute de la Parole de Dieu qui est la source de notre bonheur de croire et de notre Espérance.

L’Esprit-Saint renouvellera notre foi à la Pentecôte. Un des fruits de l’Esprit est la joie. En union avec Laetitia et Marie, catéchumènes, qui recevront ce jour-là le sacrement de la confirmation, communiquons la joie de l’Évangile à nos contemporains qui en ont tant besoin.

Père Hubert CAUCHOIS

Un  carême pour goûter l’intériorité

“retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte…”. Voici l’injonction que nous entendrons le mercredi des cendres. Qui n’a jamais souhaité, au milieu du fracas parisien, se retirer ainsi dans sa chambre, au calme ? Certes peut-être plus pour s’écrouler dans un fauteuil ou un lit que pour prier le Père comme le suggère la fin de la citation mais je reste un grand adepte du pas à pas : avant de prier le Père “qui est là dans le secret”, la première étape reste de savoir se retirer dans sa chambre. Christine Pellisatrandi nous rappelle qu’avant de se convertir il faut prendre conscience du mal que nous avons fait, Catherine Buc nous redit l’importance au catéchisme, du moment de silence avant la prière et on devine aisément, dans l’article de Françoise Colin Manderrscheid, le jeune Ratzinger préférant les sonates de Mozart aux batteries de défense anti-aérienne. Le carême pourrait donc être une occasion de retrouver le goût du silence, de ces moments calmes et apaisés.

On en rêve ? Oui bien sûr mais sait-on prévoir, organiser ces moments ? Ou même seulement les saisir lorsque l’occasion se présente ? On en rêve mais bien souvent, comme le fils prodigue, il faut y être acculé pour enfin prendre le temps de “rentrer en soi-même”. Car ce n’est pas si simple de se retrouver seul avec soi-même. Certains en ont même peur : à ne plus se fréquenter soi-même, à courir sans cesse dans un monde tonitruant, on peut s’inquiéter de ce que l’on découvrirait dans le silence, de ce que pourrait chanter la “chanson bien douce” de notre conscience. Pourtant, quels que soient les nuages noirs des souvenirs peu édifiants qui reviennent, la foi doit nous rappeler qu’au fond, derrière ces sombres pensées, demeurera toujours l’amour miséricordieux du Père.

Osons donc ces temps de silence, préparons-nous à les retrouver, à les attendre même. Posons l’acte de foi que ce que voit le Père dans le secret est bien plus beau que ce qu’on pourrait imaginer ou craindre. Puisque nous ne sommes pas encore au carême, commençons seulement à repérer ce qui obstrue la porte de cette chambre, à identifier ce qui nous retient de nous y retirer pour être prêt, pendant le carême, à prendre ces temps de recul. Plutôt que de brûler nos rameaux de buis séchés, on pourrait brûler portables, écrans et autres objets d’addiction, ce serait certes un peu polluant mais, au moins symboliquement, il serait bon que les cendres que nous recevrons symbolisent un dépouillement, un déblaiement du chemin vers cette chambre retirée où le Père nous attend.

Pour nous aider à le vivre, nous nous appliquerons, pendant les messes du carême, à apprivoiser le silence en préservant plusieurs moments, après l’homélie et après la communion, de vrais silences.

P. Arnaud Mougin

Bonne et sainte année 2023

C’est un bon réflexe de faire mémoire du passé avant de se lancer vers l’avenir, un peu comme le « contrôle rétro » avant de doubler : mieux savoir ce qu’il y a derrière nous pour prendre un nouvel élan. Aussi le regard du Père Hubert sur les 50 dernières années de la paroisse tombe à point pour ce début d’année. Une chose en effet est de constater que nous avons paroisse sympathique et chaleureuse, autre chose de découvrir que cette « communauté fraternelle » date, au moins, du père Souêtre. Il ne s’agit donc pas d’une heureuse coïncidence du moment, d’une bonne entente passagère mais cela relève de notre ADN. De même, constater au fil des ans, la « prise de responsabilité des laïcs » nous ancre dans le temps et l’histoire : là non plus il ne s’agit pas d’une mode ni d’une idée qui aurait émergée un matin dans la tête du Pape, c’est bien un mouvement de grande ampleur auquel nous contribuons.

L’histoire nous présente donc Sainte Rosalie comme une communauté fraternelle où les laïcs prennent leurs responsabilités. Comme curé au service de cette paroisse, je me réjouis profondément de développer ce charisme et de le déployer.

Concernant l’aspect fraternel, je crois beaucoup à l’importance des lieux, des murs dans lesquels on vit : pour être fraternelle, une communauté a besoin d’une maison chaleureuse. C’est ce que le père Lionel a initié avec la rénovation très réussie de l’église, le cœur de notre paroisse. Le conseil et moi-même poursuivons sur le presbytère avec la réfection du couloir, la peinture, la prochaine rénovation des salles au rez-de-jardin. Tout cela dépasse l’entretien matériel des locaux : il s’agit de rendre ces lieux accueillants, de transformer des salles de réunions (un peu lugubres) en une maison paroissiale chaleureuse. Ça ne fait pas tout, mais si nous nous sentons bien dans ces lieux, nous y passerons plus de temps, nous inviterons volontiers et l’ambiance qui naîtra sera naturellement évangélisatrice.

Quant à la responsabilisation des laïcs, cette évolution me tient fortement à cœur. C’est évidemment un mouvement en lien avec le synode actuel, écho lui-même d’une évolution qui se déploie depuis plusieurs décennies, mais il s’agit en fait de retrouver la vocation propre de chaque baptisé : « dans l’organisme d’un corps vivant aucun membre ne se comporte de manière purement passive, mais participe à la vie et à l’activité générale du corps » (Vat II). Parce que justement notre paroisse est un lieu fraternel, un lieu qui me tient à cœur, je m’y investis. Ce peut être par des gestes très simples (fermer la porte derrière soi pour préserver la chaleur), des aides ponctuelles (les divers services de la ToDo Liste) ou des engagements plus larges. Chaque fois, cela contribuera à la décléricalisation si nécessaire et permettra au prêtre de passer plus de temps à sa mission propre (je suis très très loin des 400 visites annuelles du père Hubert). Enfin, cela redonnera à chacun l’estime dont on a tous besoin : ce sentiment de participer, humblement mais réellement, à quelque chose de grand et d’utile.

Ce sont là mes vœux pour chacun de vous, pour notre paroisse, que « chacun selon la grâce reçue se mette au service des autres » (1 P 4, 10) afin d’y découvrir la véritable joie : servir c’est aimer en acte ! Bonne et sainte année !

P. Arnaud Mougin