Le temps de l’Eglise

Le père Hubert aime renommer “temps de l’Église” ce que le missel appelle “temps ordinaire”, cette période liturgique hors carême, temps pascal,… Et en effet, après la Pentecôte, c’est bien le temps de l’Église qui arrive, le temps où souffle l’Esprit, où les apôtres partent annoncer l’Évangile, où se forment les premières communautés. Rien de très ordinaire. Nous sommes donc dans ce temps, poussés par l’Esprit pour vivre l’Église. Après un mois de mai propice aux idées, suggestions, propositions, le mois de juin demande de préparer l’année prochaine, de programmer ce que l’on veut faire.

À quoi vais-je donc m’engager l’année prochaine ? Quelle sera ma place au sein de l’Église dans ma paroisse ou mon diocèse ? Que faire pour que cette prochaine année ne soit pas ordinaire, au sens banal, commun, mais bien un temps d’Église ? Ou pour le dire avec les mots de la petite Thérèse, comment rendre extraordinaire chaque chose, chaque jour ordinaire ? Voici quelques questions que l’on peut se poser en ce mois de juin pour préparer une belle année ecclésiale.

Les réponses spontanées ne sont pas forcément les meilleures : tous les “je ne suis pas capable”, “je ne sais pas faire”, “je n’ai pas le temps”,… ces réponses ordinaires ne sont pas des réponses d’Église : “il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon Père” et le chrétien sait qu’il a reçu des talents à faire fructifier, une lampe à sortir de sous le boisseau. Vivre l’Église, être un chrétien engagé ne se limite pas au catéchisme le mercredi après-midi ni à l’animation des chants le dimanche matin. Peut-être ne suis-je pas compétent pour telle ou telle activité dans la paroisse mais le but n’est pas tant de remplir une case que d’apporter ma pierre personnelle, déployer mon talent au sein de la communauté. Il y a donc mille et une choses à faire, à proposer, surtout ce qui ne se fait pas encore.

Ainsi, plutôt que de se barrer la route en étant terrorisé à l’idée d’animer un chant devant toute une assemblée, demandons-nous ce que nous aimons et savons faire, à quels moments de la semaine nous aurions un peu plus de temps, quels sont nos désirs profonds, nos attentes,

…  Partons de ce que nous sommes pour participer à la vie de la paroisse et y apporter notre pierre. C’est ce qui fera la richesse de notre communauté : non pas une énième paroisse lambda qui ressemble à tant d’autres paroisses parisiennes mais la paroisse Sainte-Rosalie avec les originalités, savoirs faire et talents de ses habitants. Non pas une paroisse ordinaire mais une paroisse d’Église, si riche dans sa diversité.

Préparons donc l’année 2023-24 comme une nouvelle année d’Église, pas du tout ordinaire, nouvelle des nouveautés que nous apporterons les uns et les autres. Laissons souffler l’Esprit dans nos imaginations, je vous promets qu’Il fera des merveilles.

P. Arnaud

Joli mois de mai

Après le labourage du carême et l’éclosion de la Résurrection, vient le moment de savourer les fruits de ce qui a été semé et de profiter des joies du printemps avec son temps plus paisible.

Si le rythme rural naturel connaît un été très actif avec les semailles, la taille, les moissons puis un hiver plus calme et plus posé, nos réalités urbaines sont souvent inversées : l’été devient le temps des vacances, le soleil annonce la détente tandis que l’hiver, avec son temps gris et froid, évoque la période laborieuse où le moral a parfois la couleur du ciel… Est-ce qu’un travail estival au grand air nous aiderait à en retrouver le goût ? C’est une autre question.

Toujours est-il que l’hiver est fini et que s’installe le printemps avec son « joli mois de mai ». Saison bien agréable, propice aux terrasses, au far niente, aux grandes discussions pleines d’Espérance. Sans trop l’idéaliser, le printemps reste néanmoins favorable au délassement, aux rêves et, à travers eux, aux projets. La rêverie peut être parfois oisive, elle nous offre aussi, surtout, l’occasion indispensable de nous projeter, d’imaginer et d’oser envisager du neuf pour la suite.

Ce peut être aussi le cas pour notre paroisse. Le mois de mai est le moment habituel pour envisager l’année suivante, établir un calendrier, mais aussi rêver à quelques projets. Que souhaitons-nous pour notre paroisse, quelles sont les activités, les sorties, les innovations dont nous rêvons ? S’il ne suffit pas de rêver ni de demander pour qu’apparaisse, comme par magie, telle ou telle réalité, rien n’évoluera si on ne rêve pas. C’est dans nos rêves, dans nos discussions que nous puiserons l’énergie pour mettre en œuvre de nouvelles idées. Profitons donc de ces temps de détente, pourquoi pas autour d’un repas ou d’un verre dans la cour du presbytère, pour oser rêver notre paroisse, pour se lancer des défis et motiver nos talents.

La Vierge Marie, traditionnellement honorée au mois de mai, aime à garder les événements dans son cœur, à les méditer pour partir ensuite servir avec empressement. Qu’Elle nous aide à profiter de ce temps pour relire cette année et imaginer ce qui pourrait se faire à Sainte Rosalie l’année prochaine. Vos idées, et votre motivation, sont les bienvenues.

P. Arnaud

Passage de la Passion et la mort de Jésus-Christ à sa Résurrection

Ce mois d’avril est le mois le plus important de notre vie en Église. Il engage le cœur donc notre foi. Entrons pleinement dans le magnifique mouvement liturgique qui nous est proposé.

Le 1er avril débute la Semaine Sainte avec, dès le samedi soir la célébration des Rameaux. Jeudi prochain, nous célébrerons le dernier repas du Seigneur à la veille de sa mort où, serviteur souffrant, il donne sa vie par Amour pour nous.

Le Vendredi Saint, nous nous souviendrons de la mort de Notre Seigneur. L’Église sera dépouillée de ses fleurs et de ses ornements habituels. En communion avec tous ceux et celles qui subissent le poids de la croix, nous traverserons ces ténèbres.

Samedi soir prochain, à la nuit tombée, jaillira un grand feu qui nous dira que la Lumière du Ressuscité est plus forte que les ténèbres. Le cierge pascal symbolisera la Résurrection du Christ.

Nous nous mettrons à l’écoute de la Parole de Dieu, dernière catéchèse pour les catéchumènes et pour nous-mêmes. Nous renouvellerons les promesses de notre baptême et communierons au repas du Seigneur mort et ressuscité pour nous et pour tous les hommes. Et à partir de ce jour, ce sera la joie de Pâques qui sollicite notre foi, comme elle a provoqué, avec des difficultés de croire, la foi des premiers témoins de la Résurrection.

Le 3e dimanche de Pâques, nous ferons nôtre le cheminement des disciples d’Emmaüs. Pour eux, au départ de Jérusalem, c’était fini. Leur Espérance était morte avec Celui en qui ils avaient mis leur confiance. En chemin, ils ressentent quelque chose de profondément neuf : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous expliquait les Écritures ? ». Et Jésus se fait reconnaître à la fraction du pain comme Vivant.

Que ce mois d’avril, préparé par notre Carême, nous mette encore plus à l’écoute de la Parole de Dieu qui est la source de notre bonheur de croire et de notre Espérance.

L’Esprit-Saint renouvellera notre foi à la Pentecôte. Un des fruits de l’Esprit est la joie. En union avec Laetitia et Marie, catéchumènes, qui recevront ce jour-là le sacrement de la confirmation, communiquons la joie de l’Évangile à nos contemporains qui en ont tant besoin.

Père Hubert CAUCHOIS

Un  carême pour goûter l’intériorité

“retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte…”. Voici l’injonction que nous entendrons le mercredi des cendres. Qui n’a jamais souhaité, au milieu du fracas parisien, se retirer ainsi dans sa chambre, au calme ? Certes peut-être plus pour s’écrouler dans un fauteuil ou un lit que pour prier le Père comme le suggère la fin de la citation mais je reste un grand adepte du pas à pas : avant de prier le Père “qui est là dans le secret”, la première étape reste de savoir se retirer dans sa chambre. Christine Pellisatrandi nous rappelle qu’avant de se convertir il faut prendre conscience du mal que nous avons fait, Catherine Buc nous redit l’importance au catéchisme, du moment de silence avant la prière et on devine aisément, dans l’article de Françoise Colin Manderrscheid, le jeune Ratzinger préférant les sonates de Mozart aux batteries de défense anti-aérienne. Le carême pourrait donc être une occasion de retrouver le goût du silence, de ces moments calmes et apaisés.

On en rêve ? Oui bien sûr mais sait-on prévoir, organiser ces moments ? Ou même seulement les saisir lorsque l’occasion se présente ? On en rêve mais bien souvent, comme le fils prodigue, il faut y être acculé pour enfin prendre le temps de “rentrer en soi-même”. Car ce n’est pas si simple de se retrouver seul avec soi-même. Certains en ont même peur : à ne plus se fréquenter soi-même, à courir sans cesse dans un monde tonitruant, on peut s’inquiéter de ce que l’on découvrirait dans le silence, de ce que pourrait chanter la “chanson bien douce” de notre conscience. Pourtant, quels que soient les nuages noirs des souvenirs peu édifiants qui reviennent, la foi doit nous rappeler qu’au fond, derrière ces sombres pensées, demeurera toujours l’amour miséricordieux du Père.

Osons donc ces temps de silence, préparons-nous à les retrouver, à les attendre même. Posons l’acte de foi que ce que voit le Père dans le secret est bien plus beau que ce qu’on pourrait imaginer ou craindre. Puisque nous ne sommes pas encore au carême, commençons seulement à repérer ce qui obstrue la porte de cette chambre, à identifier ce qui nous retient de nous y retirer pour être prêt, pendant le carême, à prendre ces temps de recul. Plutôt que de brûler nos rameaux de buis séchés, on pourrait brûler portables, écrans et autres objets d’addiction, ce serait certes un peu polluant mais, au moins symboliquement, il serait bon que les cendres que nous recevrons symbolisent un dépouillement, un déblaiement du chemin vers cette chambre retirée où le Père nous attend.

Pour nous aider à le vivre, nous nous appliquerons, pendant les messes du carême, à apprivoiser le silence en préservant plusieurs moments, après l’homélie et après la communion, de vrais silences.

P. Arnaud Mougin

Bonne et sainte année 2023

C’est un bon réflexe de faire mémoire du passé avant de se lancer vers l’avenir, un peu comme le « contrôle rétro » avant de doubler : mieux savoir ce qu’il y a derrière nous pour prendre un nouvel élan. Aussi le regard du Père Hubert sur les 50 dernières années de la paroisse tombe à point pour ce début d’année. Une chose en effet est de constater que nous avons paroisse sympathique et chaleureuse, autre chose de découvrir que cette « communauté fraternelle » date, au moins, du père Souêtre. Il ne s’agit donc pas d’une heureuse coïncidence du moment, d’une bonne entente passagère mais cela relève de notre ADN. De même, constater au fil des ans, la « prise de responsabilité des laïcs » nous ancre dans le temps et l’histoire : là non plus il ne s’agit pas d’une mode ni d’une idée qui aurait émergée un matin dans la tête du Pape, c’est bien un mouvement de grande ampleur auquel nous contribuons.

L’histoire nous présente donc Sainte Rosalie comme une communauté fraternelle où les laïcs prennent leurs responsabilités. Comme curé au service de cette paroisse, je me réjouis profondément de développer ce charisme et de le déployer.

Concernant l’aspect fraternel, je crois beaucoup à l’importance des lieux, des murs dans lesquels on vit : pour être fraternelle, une communauté a besoin d’une maison chaleureuse. C’est ce que le père Lionel a initié avec la rénovation très réussie de l’église, le cœur de notre paroisse. Le conseil et moi-même poursuivons sur le presbytère avec la réfection du couloir, la peinture, la prochaine rénovation des salles au rez-de-jardin. Tout cela dépasse l’entretien matériel des locaux : il s’agit de rendre ces lieux accueillants, de transformer des salles de réunions (un peu lugubres) en une maison paroissiale chaleureuse. Ça ne fait pas tout, mais si nous nous sentons bien dans ces lieux, nous y passerons plus de temps, nous inviterons volontiers et l’ambiance qui naîtra sera naturellement évangélisatrice.

Quant à la responsabilisation des laïcs, cette évolution me tient fortement à cœur. C’est évidemment un mouvement en lien avec le synode actuel, écho lui-même d’une évolution qui se déploie depuis plusieurs décennies, mais il s’agit en fait de retrouver la vocation propre de chaque baptisé : « dans l’organisme d’un corps vivant aucun membre ne se comporte de manière purement passive, mais participe à la vie et à l’activité générale du corps » (Vat II). Parce que justement notre paroisse est un lieu fraternel, un lieu qui me tient à cœur, je m’y investis. Ce peut être par des gestes très simples (fermer la porte derrière soi pour préserver la chaleur), des aides ponctuelles (les divers services de la ToDo Liste) ou des engagements plus larges. Chaque fois, cela contribuera à la décléricalisation si nécessaire et permettra au prêtre de passer plus de temps à sa mission propre (je suis très très loin des 400 visites annuelles du père Hubert). Enfin, cela redonnera à chacun l’estime dont on a tous besoin : ce sentiment de participer, humblement mais réellement, à quelque chose de grand et d’utile.

Ce sont là mes vœux pour chacun de vous, pour notre paroisse, que « chacun selon la grâce reçue se mette au service des autres » (1 P 4, 10) afin d’y découvrir la véritable joie : servir c’est aimer en acte ! Bonne et sainte année !

P. Arnaud Mougin

Avent 2022 : un temps prophétique

Chrétiens, nous sommes les seuls à nous préoccuper d’une véritable préparation à Noël, ce très intense temps de l’Avent. Par le fait d’être ainsi à contre-courant, nous sommes prophètes, donnant du sens à cette fête de Noël où partage notre condition d’homme, Celui qui est la Lumière
du monde. Ce mystère est d’une grandeur infinie. Il faut nous
préparer à l’accueillir. Le temps de l’Avent est le temps de l’attente et cette attente n’a rien de passif ni de résigné, elle est préparation active, conversion de notre cœur pour avoir les dispositions nécessaires à l’accueil de notre Messie.

Il y a dans ce que nous propose l’Église et en très peu de temps, une progression extraordinaire : Le premier dimanche de l’Avent nous fait communier à l’attente de tous les hommes. Car tous attendent un renouvelle-
ment de leur vie, au-delà des frontières du peuple de Dieu. Quand se dissipent les clinquants de la fête païenne, on s’aperçoit que l’humanité tout entière aspire à la paix, au développement équitable, à un emploi stable, à la justice sociale, à une vie familiale épanouie, pour ne citer que ces quelques exemples. Prenons en compte dans notre prière, ces aspirations de tous les hommes qui sont bien évidemment les nôtres.

Le deuxième et le troisième dimanche de l’Avent nous centrent sur l’attente du peuple de Dieu, du peuple de l’Alliance. Israël, depuis plus de mille ans, attend un Messie, Roi juste et pacifique qui réalisera pleinement les promesses faites par Dieu à son peuple. En deux dimanches, la personne de Jean-Baptiste, rassemblant tous ceux qui veulent convertir leur vie, concrétise cette attente, en annonçant la venue imminente de ce Messie, comblant les aspirations du peuple de Dieu tout entier.

Le quatrième dimanche de l’Avent nous ouvre à la contemplation de ce qu’il y a de plus beau dans le monde. Il nous dit l’attente d’une seule personne, Marie. Et cette attente est d’un ordre différent de ce que nous venons de décrire.
L’Avent nous fait entrer dans l’intimité de Marie, attendant son Fils, méditant sur le sens de l’annonce qui lui a été faite par l’Ange Gabriel. Toute l’attente du monde est désormais en une seule personne, Marie, qui a accepté de porter cet enfant, de le faire naître et grandir, de combler ainsi l’attente d’un Messie véritable, Sauveur d’une humanité cassée par le péché.

Oui, faisons de cet Avent, un temps fort de notre foi et un témoignage prophétique de l’immense Espérance qui nous anime. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ! »

Père Hubert CAUCHOIS

Tous saints !

Ils sont nombreux, et même innombrables, ces saints que nous fêtons chaque 1er novembre, ils dépassent largement les 365 créneaux de nos calendriers. Chacun est unique ; chacun est ancré dans une époque, une culture, une spiritualité ; et chacun a quelque chose à nous dire de Dieu. Tous ils nous invitent, par l’exemple de leur vie, leurs écrits, leur martyr parfois, à recevoir et à vivre pleinement cette vie reçue de Dieu. Certains, comme la petite Thérèse, sont nés dans un environnement privilégié (un couple de parents saint et des sœurs qui allaient toutes se consacrer dans la vie religieuse…), d’autres ont connu des parcours plus tortueux (saint Charles de Foucault, saint Augustin, saint Paul, sainte Marie-Madeleine,…) mais tous nous invitent à les suivre.

L’Église nous les donne en modèle non pas pour récompenser les bons élèves et nous faire rougir de nos manques de foi, mais bien plutôt pour nous montrer que nous sommes tous appelés à la sainteté. S’il existe autant de saints et d’histoires particulières, uniques, si tous ces hommes et ces femmes de conditions diverses, d’intelligences très inégales sont devenus saints c’est qu’il n’y a pas une route unique ni un seul mode d’emploi. Impossible de se croire égaré, trop loin du chemin vers Dieu, pas assez ci ou trop comme ça : la diversité des saints nous montre qu’il n’existe pas de profil type, aucun portrait robot dont on pourrait se sentir éloigné : Dieu appelle qui Il veut, le casting est sans filtre.

 Tous saints ! Ça devrait donc être le mot d’ordre, la devise de chacune de nos paroisses et communautés. On ne peut pas choisir moins que la sainteté : c’est la voie du bonheur, la vie véritable. Mais c’est peut-être là que le bât blesse : on ne croit pas à ce bonheur. On envisage la sainteté comme quelque chose de très honorable, très beau sur le papier, mais (un peu) ennuyeux dans la réalité. À nouveau on met le saint dans une petite case où, une fois converti, il passe son temps à genoux à prier, sourire, dire oui à tout, bref une vie pas très drôle dont on n’a pas vraiment envie. Pourtant si nous parcourons quelques vies de saints nous verrons vite qu’ils gardent toute leur personnalité et leur caractère. Ils restent eux-mêmes mais choisissent de vivre pleinement. Ils quittent leur métro-boulot-dodo, ils refusent la vie restreinte qu’on leur propose pour choisir l’aventure d’une vie vécue, la joie du don, les grâces de l’amour. Les saints sont des gens heureux, d’un vrai bonheur qui n’a rien à voir avec ce que nous proposent les publicitaires.

Osons ! Tentons au moins la sainteté pour une semaine, pour un mois. Choisissons d’écouter la bonne nouvelle plutôt que les nouvelles, allons rendre ce service auquel on pense depuis quelques temps, regardons notre voisin comme un prochain à aimer,… Ce pas vers la sainteté nous comblera et nous donnera envie d’en faire un deuxième puis un troisième. La sainteté appelle la sainteté, Dieu nous appelle à être tous saints.

P. Arnaud Mougin

Une nouvelle année s’offre à nous

Après une semaine dans les Alpes où les paysages magnifiques servaient de cadre aux joies de l’éducation – 16 jeunes qui se formaient pour être animateurs – j’avoue ne pas avoir ressenti une grande hâte à retrouver la grisaille parisienne… Mais, home sweet home, ce fut rapidement une vraie joie de revenir « à la maison » : revoir depuis dimanche les visages des uns et des autres, retrouver cette église qui m’est déjà très chère, se replonger dans cette belle communauté,… tout cela constitua un véritable baume qui rend le retour agréable et apporte beaucoup d’enthousiasme pour cette rentrée.

Joie supplémentaire, les travaux sont quasiment terminés et le résultat est plutôt agréable. Un simple couloir rénové et c’est presque tout le presbytère qui en est illuminé (voir le petit aperçu en photos).

Nous reparlerons des travaux, ce couloir illustre surtout ce que j’espère pour cette année : rendre peu à peu nos murs accueillants, chaleureux. Que l’on soit heureux de s’y retrouver, que l’on ait envie d’y inviter un voisin ou un ami, que l’on puisse y passer comme ça, juste pour dire bonjour, parce qu’on se sent chez soi, parce que c’est notre maison. Cela demandera du temps, « un peu » d’huile de coude et quelques heures de bricolage, mais on se sentira encore plus « chez nous » quand on aura mis soi-même un coup de pinceau ou monté une bibliothèque. Nous avons beaucoup de chance d’avoir autant de salles, un bâtiment en bon état, sans même parler de la cour – miracle au milieu du béton parisien – notre responsabilité est de les entretenir et de les embellir. Et puisque nous avons la chance d’accueillir régulièrement beaucoup de monde dans nos salles, ce sera aussi un beau témoignage de charité de recevoir ces personnes dans des lieux agréables.

Bonne rentrée à tous, je vous redis ma joie d’être parmi vous.

P. Arnaud

Vive les vacances !

Chers paroissiens, chers amis,

Nous voici arrivés à la période estivale, période de vacances pour les enfants, parfois pour les parents. Période de transhumance pour certains qui rejoignent leur famille, une maison, une région habituelle. Période plus sobre aussi en paroisse où beaucoup d’activités comme le catéchisme, les formations du jeudi, les répétitions et les divers ateliers s’arrêtent. Période parfois plus amère pour certains, pour ceux qui n’ont pas la chance de partir, ceux qui continuent à travailler, ceux qui sont attachés au rythme de l’année, à telle ou telle activité. Qu’on se réjouisse ou qu’on s’inquiète de cette période estivale, il est bon de l’anticiper, d’y réfléchir et de savoir ce que l’on veut en faire.

Changer de rythme, s’arrêter peut s’avérer douloureux ou angoissant suivant les personnalités mais cela demeure nécessaire. Dès les premières pages de la genèse, le récit de la création aboutit au septième jour où Dieu marque une pause : “Dieu acheva au septième jour son œuvre qu’il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu’il avait faite” (Gn 2:1-2). Mais ce que l’on traduit habituellement par “se reposa” est le mot hébreux Shabbat qui peut aussi être traduit de bien des façons : Dieu se reposa, Dieu s’interrompit, Dieu mit un terme, Dieu célébra,… autant de verbe qui traduisent Shabbat. Ainsi on comprend que Dieu n’est évidemment pas fatigué après son œuvre de création mais qu’Il sait s’arrêter pour contempler, se réjouir de ce qu’Il a fait et voir que tout cela est beau.

Tout cela peut déjà nous éclairer sur la façon de vivre ce temps d’été.

Il s’agit déjà de mettre un terme à une période, comme un met une borne pour délimiter un champ, afin de ne pas s’emballer dans une activité sans fin. Savoir appuyer sur le bouton pause, relever la tête du guidon pour voir où on est, le chemin parcouru. C’est aussi le sens du repos : se re-poser c’est se poser à nouveau. On a choisi un chemin en début d’année, une direction, une activité,… on se pose à nouveau pour regarder ce qui a été fait.

Cette pose et cette pause permettent une récréation : en arrêtant de s’agiter, de courir, de faire tourner telle ou telle question (comme un hamster dans sa cage), on va pouvoir créer à nouveau, re-créer. Comme un lac qui retrouve sa tranquillité le soir après le départ des baigneurs, nos pensées sont plus claires, plus limpides quand l’agitation cesse. Le fond du lac apparaît avec ses trésors de couleurs, de même la pause donne le temps d’un regard plus profond sur ce qui a été fait, une vue d’ensemble devient possible et nous pouvons, tout comme Dieu, voir ce qui a été bon. Et on a le droit de s’en réjouir, d’être fier du travail effectué. Le regard de Dieu est toujours bienveillant ; en épousant ce regard, on applique cette bienveillance sur la période passée, sur ce qui a été réalisé. Tout ne sera jamais parfait, ce serait de l’orgueil de le regretter mais tout peut acquérir du sens.

Ce temps estival sera alors l’occasion de célébrer ce qui a été fait, d’en faire mémoire, de le raconter, le partager. En rendant grâce à Dieu pour le chemin parcouru, pour les joies ou les simples sourires qui ont pu parsemer cette période, on verra qu’Il était présent, que ce qui a été semé n’est pas perdu. On pourra se re-poser en Dieu, renouveler notre confiance en Lui et ainsi apprendre à… dormir ! Dormir fait partie du repos et ce peut être aussi un bel exercice de confiance en Dieu. Charles Péguy, prêtant ses mots à Dieu, nous en montre l’évidence :

“ On me dit qu’il y a des hommes qui travaillent bien et qui dorment mal. Qui ne dorment pas… Je les plains. Je leur en veux même un peu. Ils ne me font pas confiance. Comme l’enfant se couche innocent dans les bras de sa mère ainsi ils ne se couchent point, innocents dans les bras de Ma Providence. Ils ont le courage de travailler. Ils n’ont pas le courage de ne rien faire. Ils ont la vertu de travailler. Ils n’ont pas la vertu de ne rien faire. De se détendre. De se reposer. De dormir…. Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour. Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit. Comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une nuit.”

Bonnes et saintes vacances à tous, reposez-vous bien.

P. Arnaud